L’art de la dédicace

Dans nos archives il y a… l’art de la dédicace.

Nous allons aller à la rencontre en quelques épisodes de la communauté lettrée qui entourait notre cher écrivain Jean Schlumberger au travers des envois qui lui ont été adressés au fil des années. La dédicace, simple formule de politesse ou véritable texte abouti, permet de redonner vie aux ouvrages conservés dans la torpeur des bibliothèques. Explorant une palette de sentiments variés elle recèle parfois des informations dignes d’intérêt et disent la constitution d’une collection à partir d’affinités littéraires.  Aujourd’hui nous nous attachons à remettre en lumière les regrets qui ponctuent certaines dédicaces conservées dans le Cabinet Jean Schlumberger.

Ainsi en 1898 Henri Ghéon, âgé alors de 23 ans, évoque, en parlant de son premier ouvrage La solitude de l’été, un livre « mi-renié » tandis que Paul Desjardins parle lui en 1912 (son ouvrage La méthode des classiques français est paru en 1904) d’un petit écrit « où il ne se reconnait plus »… François Mauriac exprime quant à lui sa crainte et sa déconvenue lorsqu’il écrit dans l’envoi fait à Jean Schlumberger de son Thérèse Desqueyroux qu’il espère que « ce livre ne le décevra pas comme il a déçu certains amis… »

En 1948 Jean Paulhan s’interroge en toute simplicité et interpelle, lucide,  Jean Schlumberger dans l’envoi De la paille et du grain après une année de discussion houleuse avec les membres du CNE (Comité national des écrivains) : « est-ce que tout ça n’a pas déjà fortement vieilli ? »

Enfin Jean Dominique (pseudonyme de Marie Closset poétesse belge)  évoque résolument non sans mélancolie,  « un cœur qui aime profondément le passé » dans le recueil de souvenirs qu’elle envoie à Jean Schlumberger.

Nostalgie quand tu nous tiens…