Dans nos archives il y a… Madame Sans-Gêne
Dans nos archives il y a… Madame Sans-Gêne
Comédie en trois actes écrite par Emile Moreau en collaboration avec Victorien Sardou, Madame Sans-Gêne est inspirée d’un personnage ayant réellement existé, Catherine Hubscher, issue d’un milieu populaire et épouse d’un maréchal d’Empire, dont la gouaille amusait l’empereur Napoléon 1er tout en agaçant son entourage. Cette pièce sera représentée pour la première fois l’année de sa création au théâtre du Vaudeville à Paris.
C’est la comédienne Réjane, disparue il y a 105 ans, qui va immortaliser le personnage, ce qui lui vaudra une certaine notoriété dans le milieu du théâtre parisien. Sa tournée américaine dans ce rôle-titre sera également un triomphe.
Née en 1856 Gabrielle Charlotte Réju est une enfant de la balle puisque ses deux parents œuvrent au théâtre de l’Ambigu. Passée par le Conservatoire à l’âge de 16 ans elle rejoint, après un passage au Vaudeville, le théâtre de l’Odéon où elle rencontre son futur époux Paul Porel qui se consacrera entièrement à sa carrière.
Son souvenir s’est un peu estompé dans la mémoire collective au profit de Sarah Bernhardt, son illustre contemporaine, dont nous possédons également des échanges avec le journaliste littéraire et critique d’art Albert Flament.
Dans une lettre de nos fonds adressée à celui-ci le 7 janvier 1916 Réjane évoque un secret qu’elle partage avec sa fille Germaine à propos duquel elle parle de sa conduite « ignoble »… invoquant la miséricorde de notre journaliste qui est « le plus aimable, le plus gentil des amis ! »
Comme Sarah Bernhardt Réjane incarne une certaine image de la femme moderne de la fin du XIXème, la « Parisienne » dans toute son essence…
Son jeu de scène s’inspire de la nature, de la vie et de ses lectures et comme la Divine elle dirigera son propre théâtre à partir de 1906, dans le 9ème arrondissement de Paris où la grande tragédienne poursuivra son triomphe avec Madame Sans-Gêne et où seront joués entre 1906 et 1917 tous les plus grands succès de la capitale. Ne se reposant pas sur ses lauriers elle s’attèlera en 1911 à la création française de L’Oiseau bleu de Maeterlinck, à la grande satisfaction des avant-gardes.
Ce jeu de scène, ainsi que celui de Sarah Bernhardt, inspirera notamment Marcel Proust pour le personnage de la Berma dans A l’ombre des jeunes filles en fleurs.
En juillet 1920, un mois après son décès, un hommage de 15 pages lui est rendu dans Comoedia illustré, supplément théâtral du quotidien de même nom et dont nous possédons un exemplaire dans nos archives. On peut y lire : La carrière de Réjane fut une des plus éclatantes que le théâtre ait jamais connues. Sa vie est un prodigieux exemple d’activité heureuse et rayonnante. Elle a enrichi de sa sensibilité extraordinaire les foules qui l’ont admirée. Son nom ne périra pas. Sur sa tombe, Robert de Flers a pu dire qu’elle fut artiste de toutes les manières dont il est possible de l’être : par une curiosité que rien ne rassasiait, par une recherche de la vérité que rien ne contentait, par une admirable volonté de n’être jamais satisfaite d’elle-même, par le don prodigieux d’exprimer les sentiments les plus divers et les plus extrêmes, enfin, par le courage sublime avec lequel elle s’est sacrifiée à son art.
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OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
ldiebold (13 juin 2025). Dans nos archives il y a… Madame Sans-Gêne. Les carnets de la Fondation des Treilles. Consulté le 16 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/144jf