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Dans nos archives il y a… un patron de presse français

Dans nos archives il y a… un patron de presse français

Le 20 janvier 1954 le journal Le Monde annonce la mort de Léon Bailby en ces termes :

C’est un grand journaliste, un homme d’action et un homme de cœur qui disparait avec Léon Bailby.

Né en 1867 Léon Bailby se destine d’abord à la magistrature mais c’est en tant que journaliste et patron de presse qu’il donnera toute la mesure de son talent.

D’abord rédacteur au journal La Presse il en prend le contrôle en 1896 et y donne chaque jour un billet. Au moment de la reprise de L’Affaire Dreyfus l’année suivante il s’affirme alors comme antidreyfusard dans un pays coupé en deux par cette affaire qui provoque un fort clivage dans l’ensemble de la société française.

C’est véritablement avec L’Intransigeant dont il devient directeur en 1908, que Léon Bailby révolutionne le milieu de la presse. Il fait de ce quotidien du soir un journal littéraire (il confie à Apollinaire une critique artistique en 1910) et politique qui connait une véritable ascension pendant la première guerre mondiale.

Les archives en notre possession concernant Léon Bailby couvre en partie cette période et notamment, pour la plupart d’entre elles, les années 1915 et 1916. Il s’agit ici surtout d’un corpus d’une petite cinquantaine de lettres, cartes postales et télégrammes adressés à Albert Flament, critique d’art et de littérature, également journaliste à L’intransigeant. D’autres documents sont antérieurs au conflit comme ce sondage où Léon Bailby interroge ses lecteurs sur l’opportunité de faire rentrer les femmes sous la Coupole au moment même où Marie Curie postule pour entrer à L’Académie des Sciences…

Albert Flament et Léon Bailby sont très proches et participent souvent ensemble à la vie mondaine parisienne. Ils font notamment œuvre de charité avec la création du Bal des Petits lits blancs, gala annuel destiné à recueillir des fonds pour les enfants atteints de tuberculose osseuse, et qui verra se croiser en son sein de nombreuses personnalités du monde du spectacle et de la haute bourgeoisie jusque dans les années 60. Marie Laurencin, dont nous possédons cinq lettres dans nos fonds d’archives, sera à l’origine de l’affiche du gala en 1931.

Léon Bailby, après la littérature, fera entrer le sport dans la presse des années 20. Il crée en 1926 Match l’intran, un hebdomadaire sportif illustré, renommé Match (hebdomadaire d’actualités en photos) pendant la guerre, puis Paris Match en 1949.

Personnalité parfois controversée en raison de ses engagements politiques (il soutient par exemple le régime de Vichy et sa politique), il aura néanmoins contribué à l’émergence d’un certain nombre d’écrivains et de journalistes dont il savait découvrir et encourager le talent, comme Pierre Benoit qui sera reporter de guerre pour l’Intransigeant, ou André Salmon qui saura défendre la cause du cubisme et du fauvisme dans les colonnes du même journal. Picasso ira même jusqu’à reproduire dans des tableaux des années 1911 et 1912 les caractères du journal qu’il a coutume de lire à Paris ou à Céret. [1]

Léon Bailby fera don de sa magnifique propriété de Biot à la Caisse de retraites de la presse.

[1] Collectif. La civilisation du journal. Nouveau Monde éditions, 2011.

 


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
ldiebold (27 mai 2025). Dans nos archives il y a… un patron de presse français. Les carnets de la Fondation des Treilles. Consulté le 20 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/140z1