Étudier l’hérédité épigénétique à l’interface de la génétique du développement et de la biologie évolutive
Séminaire organisé par Christian Braendle, Henrique Teotonio, et Marie-Anne Félix du 24 au 29 mars 2025.
Participants
Christian BRAENDLE (Institut de Biologie Valrose – Nice, France), Henrique TEOTONIO (IBENS – CNRS – Paris, France), Marie-Anne FÉLIX (IBENS – CNRS), Erik ANDERSEN (Johns Hopkins University – Baltimore, États-Unis), Charles F. BAER (University of Florida – Gainesville, États-Unis), Asher CUTTER (University of Toronto – Toronto, Canada), Marie DELATTRE (LBMC CNRS – Lyon, France), Janna FIERST (Florida International University – Miami, États-Unis), Amanda GIBSON (University of Virginia – Charlottesville, Virginia, États-Unis), Eric HAAG (University of Maryland – College park, États-Unis), Annalise PAABY (Georgia Institute of Technology – Atlanta, États-Unis), Patrick PHILLIPS (University of Oregon – Eugene, États-Unis), Matthew (Matt) ROCKMAN (New York University – New York, États-Unis), Lewis STEVENS (Wellcome Sanger Institute – Cambridge, Royaume-Uni), Zhongying ZHAO (Hong Kong Baptist University – Hong Kong, Chine).
Résumé

Illustration d’un nématode Caenorhabditis elegans. Crédit photo : C. Braendle.
Des avancées récentes ont permis une forte progression dans la compréhension des mécanismes moléculaires à la base de l’hérédité épigénétique. Toutefois, les implications évolutives et les mécanismes responsables de ces phénomènes restent encore mal compris. L’objectif de cette rencontre était de rassembler des chercheurs issus de différentes disciplines biologiques afin d’explorer l’évolution de l’hérédité épigénétique. Une attention particulière a été portée à l’intégration de perspectives moléculaires, développementales, écologiques et évolutives, en utilisant les nématodes du genre Caenorhabditis comme organismes modèles. Notre ambition était de favoriser un dialogue interdisciplinaire et d’identifier de nouvelles approches pour aborder les grandes questions encore ouvertes dans ce domaine émergent.
Summary
Recent research has led to a rapidly growing understanding of the molecular mechanisms underlying epigenetic inheritance. However, the evolutionary implications and mechanisms driving these phenomena remain poorly understood. The objective of this meeting was to unite researchers from various biological disciplines to explore the evolution of epigenetic inheritance. Emphasis was placed on combining molecular, developmental, ecological, and evolutionary perspectives using nematodes of the genus Caenorhabditis as model organisms. Our aim was to foster interdisciplinary dialogue and identify novel approaches to tackle outstanding questions in this emerging field.
Rapport
La recherche biologique souffre encore trop souvent d’un manque d’intégration réelle entre disciplines. En particulier, la génétique du développement et la biologie évolutive ont historiquement évolué sur des voies séparées, en raison de différences méthodologiques et conceptuelles. Cette séparation est particulièrement marquée dans l’étude de l’hérédité épigénétique. Cette réunion s’est appuyée sur la conviction que la communauté scientifique travaillant sur l’évolution des nématodes du genre Caenorhabditis — bien que restreinte — a accompli des progrès significatifs au cours des vingt dernières années pour combler ces lacunes. Les travaux collectifs de cette communauté offrent une opportunité unique d’explorer l’hérédité épigénétique à travers des prismes à la fois mécanistiques et évolutifs.
Un des thèmes centraux de la rencontre a été la nécessité de mieux comprendre l’architecture génétique et l’évolution de la variation épigénétique héritée. Bien que les exemples d’effets épigénétiques multigénérationnels soient de plus en plus nombreux — notamment chez C. elegans —, les données concernant leur contexte écologique et évolutif restent rares. Des données présentées lors de la réunion montrent en particulier que la variation génétique naturelle influence la présence et la durée de transmission épigénétique au cours des générations. Les participants ont débattu de la signification adaptative de ces mécanismes épigénétiques, et de leur possible cooptation après avoir été initialement sélectionnés pour d’autres effets. Ces sujets ont été explorés à la fois d’un point de vue théorique et empirique.
Par ailleurs, la réunion a été l’occasion de discuter comment l’étude des populations naturelles, la génétique quantitative et l’évolution expérimentale à l’aide des nématodes Caenorhabditis peuvent bénéficier à la communauté scientifique au sens large, en contribuant notamment à l’avancement de notre compréhension des phénomènes génétiques et épigénétiques complexes — allant des interactions avec l’environnement aux traits hautement polygéniques impliquant des variants à petits effets.
Cette rencontre a souligné l’importance d’une collaboration interdisciplinaire pour mieux comprendre l’évolution et les fonctions de l’hérédité épigénétique. Une compréhension mécanistique issue de la génétique moléculaire doit être intégrée à la théorie évolutive, à la génétique des populations et aux études écologiques pour appréhender pleinement le rôle et l’évolution de cette forme d’hérédité. Cette réunion a constitué une plateforme précieuse pour définir des questions clés et élaborer des stratégies collaboratives. À l’avenir, nous espérons que cette initiative encouragera davantage de recherches intégratives sur l’un des aspects les plus fascinants de l’hérédité et de l’évolution.
Nous exprimons notre profonde gratitude à l’équipe de la Fondation des Treilles pour leur accueil chaleureux et leur soutien remarquable, qui ont offert un cadre unique et inspirant, enrichissant considérablement nos échanges scientifiques et posant les bases de collaborations durables bien au-delà de cette semaine.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
ldiebold (23 avril 2025). Étudier l’hérédité épigénétique à l’interface de la génétique du développement et de la biologie évolutive. Les carnets de la Fondation des Treilles. Consulté le 18 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13sp2