Dans nos archives il y a… le nouveau Shakespeare
Dans nos archives il y a… le nouveau Shakespeare !
C’est ainsi que le tonitruant Octave Mirbeau qualifie Maurice Maeterlinck dans un article dithyrambique du Figaro daté du 24 août 1890.
Cet article fait suite à la publication de La Princesse Maleine, première pièce de théâtre de notre dramaturge, écrite un an auparavant et qui reprend certains codes des contes des Frères Grimm.
Maurice Maeterlinck, né en 1862 en Belgique, a plus d’une corde à son arc : poète, essayiste, dramaturge, traducteur et librettiste, cet écrivain flamand francophone a pourtant commencé sa carrière par des études de droit après une scolarité effectuée dans un collège jésuite de Gand.
C’est au cours d’un séjour de notre auteur à Paris que Villiers de l’Isle-Adam l’oriente vers le symbolisme. La même année que la Princesse Maleine sont publiés les poèmes des Serres chaudes dont l’univers immobile et suffocant reflète les impuissances de l’âme. Cette œuvre poétique va devenir une référence pour les surréalistes.
S’en suivront un certain nombre de pièces dramatiques dont L’oiseau bleu, une pièce pour enfants créée en 1908 au Théâtre d’art de Moscou qui lui assurera une renommée internationale et sera reprise à Paris et interprétée par la grande comédienne Réjane.
Bernard Lazare, journaliste et critique littéraire ayant officié de 1890 à 1896 dans tous les grands journaux et les petites revues littéraires de l’époque, dira des personnages de Maeterlinck, non sans une certaine causticité : « Il se plaît, en effet, à faire vagabonder par des villes incendiées, des bourgs détruits ou des jardins qui agonisent dans l’automne, des êtres vagues, échappés de quelque tapisserie surannée, héros exsangues, accessoires d’un décor seul important, servant à faire valoir un milieu qu’ils nécessitent plutôt que d’être nécessités par lui. Ils sont semblables à des miroirs, appendus aux murs de salles obscures, qui refléteraient d’insolites lueurs survenues. »
Il nous faut accorder une attention particulière à Pelléas et Mélisande, mélodrame en cinq actes joué en 1893 à Paris, qui fera de notre dramaturge la figure du symbolisme. Mise en musique par Fauré et Debussy quelques années plus tard cette pièce souligne également l’importance de cet art musical dans l’œuvre théâtrale de Maurice Maeterlinck.
Essayiste de talent (Trésor des humbles en 1896, La sagesse et la destinée en 1898…) il s’efforce de naviguer entre l’inquiétude et le quotidien. Sa grande observation du monde naturel et ses lectures du célèbre entomologiste Jean-Henri Fabre le poussent à célébrer l’unicité de l’univers dans La vie des abeilles (1901), que complèteront plus tard La vie des termites (1926) et La vie des fourmis (1930), récits conservés dans notre fonds d’archives.
Georgette Leblanc, qui fut son épouse, écrit dans ses Souvenirs (publiés en 1931 chez Bernard Grasset), dont nous possédons un exemplaire : « Une fois, prenant le café à l’ombre des noisetiers comme chaque jour après le repas, il me cita quelques lignes du grand entomologiste sur la ruche et ferma le livre avec humeur. « Quelles merveilles on pourrait écrire là-dessus ! » Le désir du poète était né. Bientôt il me lut les premières pages de la Vie des abeilles. »
Le prix Nobel en 1911 couronne Maeterlinck pour l’idéalisme de son œuvre.
Dans nos archives, outre les ouvrages de notre écrivain, se trouvent différents documents le concernant. Dans l’atypique revue Art et médecine où il livre ses réflexions sur l’ordre du monde des articles paraissent régulièrement sur notre auteur. En novembre 1933 un article de 9 pages est consacré à son somptueux palais, Orlamonde, dominant la baie des Anges à Nice.
Divers documents autographes figurent également dans nos fonds dont une carte pneumatique adressée à Albert Flament en 1909, où il est question d’une bonne action en faveur d’un jeune adolescent défavorisé, et une lettre de 1915 adressée cette fois-ci au peintre Théo Van Rysselberghe dans laquelle le dramaturge accepte par amitié de répondre à une sollicitation de l’artiste tout en le prévenant « d’ores et déjà que cela sera une turpitude »
Enfin dans le Cabinet Jean Schlumberger une note de lecture de l’oncle d’Anne Gruner Schlumberger, notre fondatrice, est consacrée à l’ouvrage de Maurice Maeterlinck Le double jardin, récit composé de seize essais et paru en 1904. Dans cette note Jean Schlumberger souligne les progrès effectués par Maeterlinck, notamment en ce qui concerne les récits à propos de la nature. Il dit en substance : Les meilleurs sont ceux consacrés à l’histoire naturelle. […] Excellents encore les essais sur les fleurs, sur le printemps, les abeilles, les chrysanthèmes. C’est l’œuvre d’un esprit réfléchi et attentif, volontiers trop métaphysique mais qui apporte quelques éléments utiles à un aperçu philosophique de nos rapports avec la nature.
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OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
ldiebold (18 avril 2025). Dans nos archives il y a… le nouveau Shakespeare. Les carnets de la Fondation des Treilles. Consulté le 17 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13rz8